mercredi 1 mars 2017

Mercredi des parfums

Mercredi des cendres

Mercredi des cendres. Pourquoi pas mercredi des parfums ?

L’idée des cendres vient de l’Ancien Testament où cette réalité est citée 59 fois, tandis que nous la trouvons seulement 4 fois dans le Nouveau Testament.
La cendre, c’est ce qui reste quand tout a brûlé. Dans le contexte de l’alliance de Dieu avec Israël, la cendre évoque deux prises de conscience.

* Comme pécheurs, que reste-t-il en nous quand nous avons rompu l’alliance avec la source de notre vie, sinon un goût de cendre? Le péché de rupture, c’est ce qui conduit à la mort spirituelle, au néant, au rien existentiel.
A peine trouve-t-on dans notre cœur et au fond de notre conscience les cendres froides de notre gâchis, tristes traces de ce qui jadis brûlait en nous comme une chaude et lumineuse relation avec notre Dieu et Père.

Au plan simplement humain, la cendre est aussi la parabole de notre fragilité, de notre caducité. Jadis, en ce jour,  on disait en apposant les cendres : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière ». La condition humaine est celle d’un être mortel. Les deuils nous le rappellent, parfois de manière inattendue, voire tragique.

Qui que nous soyons, nous ne pouvons pas l’ignorer : toute vie en ce monde, tôt ou tard, nous amène à la mort. Il faut avoir le courage d’affronter ce mystère déconcertant. Et tant pis pour les apôtres du transhumanisme.

La cendre. Tout cela peut être perçu comme très négatif, triste et même désespérant. Alors je vous conseille de passer au parfum. Jésus nous invite en ce jour à nous parfumer la tête après nous être lavé le visage.

D’abord se laver le visage, c’est justement passer par cette fameuse conversion qui doit ôter en nous les scories de nos péchés, à condition de les reconnaître et de vouloir retrouver sincèrement la belle liberté des enfants de Dieu.
Se convertir, ou plutôt appeler en nous le rayonnement de la miséricorde de Dieu, selon la parole pressante de l’apôtre Paul : « Nous vous le demandons au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. »
Alors ce qui semblait négatif ou pénible devient une opération de libération qui nous débarrasse de nos dernières cendres intérieures pour nous rendre la joie de nous savoir aimés tels que nous sommes, et celle de pouvoir aimer les autres comme ils sont.

Quand le linge sale sort de la machine, il resplendit, il sent bon.
Et c’est là qu’intervient le parfum, l’amour du Christ qui nous enveloppe de sa tendresse, de son bouquet, de sa beauté.
Jésus, celui qui a reçu l’onction de l’Esprit, c’est celui qui nous appelle et rappelle sans cesse à nous laisser oindre par les dons de ce même Esprit, riche des parfums exquis portés par son souffle.
Que ce carême nous le redise ! Nous sommes des baptisés, des confirmés. Nous avons été consacrés et parfumés par ces sacrements, et nous le serons encore à l’approche de la mort dans un dernier geste d’onction spirituelle.

Dès lors, après avoir chassé nos cendres accumulées, la grâce du carême vient à point nommé pour ré-enchanter notre baptême et nous permettre ce que l’apôtre Paul révélait aux Corinthiens :
« Le Christ pascal, par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance. Car nous sommes bien pour Dieu la bonne odeur du Christ, parmi ceux qui se sauvent et aussi parmi ceux qui se perdent. » II Co 2,14-15.

Imprégnés de l’Esprit du Christ, allons donc parfumer le monde, si souvent corrompu par les pourritures de la violence mortifère, de l’injustice, du massacre de la vie.
Bienheureux carême, qui nous invite à répandre courageusement les bonnes odeurs de la spiritualité priante, du silence de la méditation, de la simplicité de vie, de la frugalité joyeuse, de la solidarité à l’égard des plus pauvres et des plus souffrants.
Humons l’Esprit Saint et allons aromatiser l’humanité par les fragrances de l’évangile. Et notre carême, au lieu de nous faire prendre sa mauvaise mine, nous permettra d’exhaler déjà les parfums de Pâques, la vie plus forte que la mort, l’amour vainqueur du Dieu-Amour.
Dans cet esprit, après la messe, je propose à celles et ceux qui le voudront bien, en toute liberté, de venir recueillir dans vos mains une goute d’huile parfumée que vous pourrez diffuser sur votre visage, en gage de tout ce que vous ferez de beau et de bon durant ce carême, dans l’esprit de l’évangile, avec la grâce de Dieu.

                                   Claude Ducarroz

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