mardi 14 août 2018

Assomption de marie 2018

Assomption 2018
« Actuellement, on ne parle que d’elles ! », me disait un homme sans doute un brin jaloux.  Et c’est un peu vrai : depuis certaines révélations particulièrement sordides, on parle beaucoup de la femme et des femmes. A juste titre, elles ne manquent  aucune occasion de faire parler d’elles quand il s’agit de rappeler leur égalité foncière en humanité, de revendiquer le respect de toute leur dignité ou d’exiger leur juste promotion partout où le sexisme continue de sévir.

On pourrait dire que, aujourd’hui, à la faveur de cette fête, l’Eglise catholique s’y met aussi. Elle place en évidence, jusque dans sa liturgie, une Femme -avec f majuscule- « ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles. » Qui dit mieux ? serait-on tenté de répéter aux féministes de toutes couleurs.

C’est la fête de l’assomption de la vierge Marie, la mère de Jésus. Dans la théologie et la piété catholiques, portées par d’antiques traditions, tant en Orient qu’en Occident, ceci est devenu très tôt évident : la mère du Christ ressuscité, la femme toute sainte, que toutes les générations doivent proclamer bienheureuse, a été enlevée et élevée au ciel pour partager, dès sa mort, la gloire de Jésus, le premier né d’entre les morts.
Cette merveille réjouit le peuple de l’Eglise, heureuse d’acclamer dans la lumière pascale, celle que Jésus nous a donnée pour mère du haut de sa croix.

Aujourd’hui, et spécialement dans cette église qui est consacrée à Notre-Dame, c’est un peu la fête de famille autour de la maman bienheureuse, entièrement absorbée en Dieu, avec tout ce qu’elle fut et tout ce qu’elle est, à savoir aussi son corps en qui l’Esprit saint a fait germer et grandir le corps de Jésus, le Verbe fait chair au milieu de nous.
Rien en Marie ne s’opposait à cette transfiguration immédiate. Et c’est ce qui lui est arrivé, par pure grâce évidemment.
Encore faut-il en tirer quelques conséquences pour nous aussi aujourd’hui.

La première, c’est que l’assomption de Marie est un privilège, mais pas une exception. Elle nous précède dans cette grâce toute pascale, mais nous n’en sommes pas exclus. Au contraire, ce qui est arrivé à Marie d’abord nous est promis aussi à nous, selon l’engagement formel du sauveur : « Je vais vous préparer une place… Là où je suis, vous serez aussi avec moi. »
Et saint Paul le rappelait aux Corinthiens qui avaient de la peine à le croire : « De même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous revivront pour la vie éternelle par la résurrection …quand ce Christ aura anéanti la mort. »
L’assomption de Marie, c’est donc l’assurance que nous serons un jour et pour toujours avec Jésus vivant, comme elle et avec elle, et tous les autres aussi. En un mot : quelle que soit notre vie actuelle, le meilleur est encore devant nous. Marie la bienheureuse, Marie la glorieuse, nous aide à y croire et, en priant pour nous,  à le vivre, même imparfaitement.

Et comment, me direz-vous ?
Entre autres en respectant la beauté et la dignité du corps, et singulièrement du corps de la femme, de toutes les femmes. Car ce qu’il y a d’extraordinaire –sans être unique-, c’est justement que l’assomption de Marie, comme nous le rappellent tant de peintures et d’images, implique pleinement son corps sexué lors de son entrée en gloire. Ne serait-ce pas justement ce qu’on pourrait nommer une magnifique originalité mariale du christianisme :  le destin éternel du corps ?
Comme le sauveur a passé par le corps d’une femme, Marie de Nazareth, pour venir jusqu’à nous en pleine humanité, de même le salut impactera aussi notre corps.
Car il est vrai que Dieu dans le Christ, et avec la collaboration physique et croyante de Marie, veut emmener dans sa gloire tous les hommes et tout l’homme, y compris notre corporéité un jour récupérée.
La manière dont nous regardons et à fortiori traitons le corps de la femme mesure notre degré de foi en notre vocation à la résurrection bienheureuse. Il y a aussi un juste féminisme chrétien et, si j’ose le dire, un féminisme marial.

J’ajoute enfin que le culte marial, comme on le nomme parfois, si développé dans cette basilique, ne doit pas servir de prétexte à justifier sournoisement un certain sexisme qui sévit parfois ou peut toujours revenir. On pourrait en effet croire que les chrétiens –et surtout les catholiques- ont déjà beaucoup donné à la femme à travers la figure de Marie glorieuse ou par la piété mariale. Dès lors ça pourrait autoriser, à l’égard des autres femmes - certes moins saintes qu’elle, mais tout aussi sainte que les hommes sinon plus-, des attitudes  de discrimination rampante.

Respecter le génie féminin, apprécier ses charismes et qualités spécifiques, ce n’est pas soumettre la femme et les femmes à des exclusions ou des barrières. Il faut leur permettre partout de déployer, pour l’enrichissement de notre humanité, les valeurs et les beautés qu’elles recèlent, pour les mettre au service de tous, tant dans la société que dans l’Eglise.

Il me semble que Marie, élevée toute entière au ciel, aujourd’hui, nous dit aussi cela…sur la terre !
Ainsi soit-il !
Claude Ducarroz





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