mercredi 28 mars 2018

Veillée pascale 2018

Nuit de Pâques 2018

« Je t’aime ! »
Il nous arrive à tous de dire – et peut-être même de répéter- cette petite phrase gorgée de sentiments et d’émotions. Je t’aime : c’est écrit, chanté, dessiné, soupiré un peu partout, avec le risque que ces mots deviennent banals, jusqu’à être un peu usés.

Et pourtant ces trois petits mots contiennent un brûlant mystère. Je t’aime, ça veut dire : « Je ne veux pas ou je ne voudrais pas que tu meures ».
Dans toutes les déclarations d’amour, surtout quand elles s’habillent de poésie, amour rime avec toujours. Il y a entre l’amour et la mort une contradiction qui fait peur, qui blesse et qui révolte. Les amoureux vrais estiment qu’ils ne devraient jamais cesser d’aimer et d’être aimés. Et c’est bien ce qu’ils souhaitent.
En vain, car voici que nous sommes mortels, tous, y compris les grands amoureux et les ardents amants.

Faut-il alors se résigner à la victoire de la mort sur l’amour ? Faut-il, dans la colère peut-être, accepter que nos amours viennent échouer près des tombeaux comme l’eau de la mer sur les rochers indifférents des falaises impavides ?
A ces questions, qui taraudent tôt ou tard tous ceux et toutes celles qui aiment de tout leur être, la réponse a surgi un certain matin près de Jérusalem.

Parce que Dieu est Amour, il se devait absolument de vaincre la mort définitivement. Il aurait pu le manifester théoriquement, dans l’abstrait, comme un grand philosophe de génie qui se contenterait de sublimes déclarations, d’en haut.
Non. Il l’a fait en un homme mortel, au surlendemain de sa mort, parce qu’elle était justement une mort par amour. Par amour de Dieu et par amour de nous.
C’est au fond de la mort que la mort a été terrassée par l’amour du Dieu vivant.
Telle est la révolution qui change tout dans nos vies personnelles, dans la finalité de l’histoire humaine et dans le destin de tout l’univers.
Un mortel est sorti vivant du tombeau. Un mort est devenu un vivant qui ne meurt plus. Un humain est entré dans le royaume de Dieu pour partager le bonheur éternel de son créateur et père.

Le porteur de cette bonne nouvelle  -en vérité cette bonne nouvelle en personne-, n’a pas voulu échapper à notre condition mortelle pour nous assurer du triomphe de Dieu sur la mort et sur le mal. Il n’a pas cherché à contourner la mort, à faire semblant d’être comme nous. Pour être avec nous pleinement, en divine solidarité, il s’est fait l’un de nous, né d’une femme, et donc vulnérable, fragile et finalement mortel. En tout semblable à nous, il est venu nous chercher là où nous sommes, et parfois très bas, tout en bas, pour nous  entraîner après lui, avec lui, dans une vie immortelle.

Son humanité transfigurée sera la nôtre aussi.  Dans la grande attraction de son amour, en nous disant et redisant sans cesse « Dieu est amour, donc il t’aime », il fait en sorte que, même si nous demeurons mortels ici-bas, nous ne mourrions plus jamais, une fois parvenus dans son royaume. Car nous serons tenus solidement dans le baiser de son amour, comme un enfant dans les bras de sa maman. Dans la tendresse et dans la gloire.

La résurrection du Christ est le sommet de notre histoire. Pas seulement parce que le Christ est ressuscité, vraiment ressuscité, mais parce que, depuis ce matin-là, nous sommes des promis à la résurrection, nous aussi. L’ADN de Pâques coule dans nos veines humaines. Nous sommes programmés pour la vie éternelle. « Car là où je suis, promet Jésus, vous serez aussi avec moi »,  
ce qui change radicalement et notre vie et notre mort.

Autrement dit, chaque fois qu’en ce monde, un humain dit à un autre humain, avec la sincérité du cœur et la démonstration des actes « Je t’aime », c’est un soupir vers Pâques, c’est une prière vers le Vivant, c’est un pas vers le Royaume de Dieu.
Pas par nos propres forces, mais parce que le Christ pascal a fait rimer amour avec toujours en sortant vivant du tombeau, justement pour nous faire passer de nos amours minuscules à l’Amour majuscule qu’est Dieu.

L’apôtre Jean a commenté ainsi : « Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères et sœurs. »
Tout est dit. Pâques, c’est l’amour. Et l’amour, c’est Pâques.


                                                           Claude Ducarroz

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