Immaculée Conception 2010
De Maria numquam satis.
De Marie, on ne dira jamais assez.
Le curé-doyen de mon enfance, plus tard chanoine de cette cathédrale, nous répétait souvent cette formule pour dire qu’on ne dirait jamais trop au sujet de Marie.
Il justifiait cette pieuse exagération en faisant référence au cantique de Marie, le Magnificat, dans lequel elle dit : « Désormais toutes les générations me diront bienheureuse. »
C’est vrai. La liturgie de l’Eglise et la piété du peuple chrétien, tant en Orient qu’en Occident, ont amplement répercuté cette béatitude mariale, quand on mesure la somme des prières, des pèlerinages, des églises et chapelles, des œuvres d’art dédiées à Marie, sans compter toutes les bougies qui brillent sans cesse devant ses effigies partout dans le monde.
Oui, toutes les générations la proclament « bienheureuse », et nous aussi. Mais dans nos ferveurs mariales, nous ne devons jamais oublier les deux versets du Magnificat qui entourent et expliquent la béatitude de la Mère de Jésus.
Elle est bienheureuse « parce que le Seigneur a jeté les yeux sur son humble servante »,
parce que « le Tout-Puissant a fait pour elle de grandes choses. Saint est son Nom. » Pas celui de Marie, mais celui de Dieu. C’est elle qui le dit !
Aujourd’hui, nous méditons sur l’une de ces merveilles. Elle est contenue en germe dans cette première parole adressée à Marie par l’ange Gabriel au jour de l’Annonciation :
« Je te salue, comblée de grâces. Le Seigneur est avec toi. »
Tout est dit, tout est là.
Certes Marie est une « comblée de grâces. Mais c’est parce que le Seigneur est avec elle…et elle avec Lui.
Dans sa longue méditation sur ce mystère, après des siècles de controverses et d’hésitations, l’Eglise catholique a fini par définir ce privilège dans un dogme en 1854 par le pape Pie IX. C’est l’Immaculée Conception.
Précisons aussitôt, tant le malentendu est fréquent. Il ne s’agit pas de la conception virginale de Jésus en Marie par l’opération du Saint-Esprit , comme on le dit maladroitement. Il s’agit de la sainteté originelle de Marie qui, dès sa conception, a été placée entièrement dans le monde de la grâce en échappant à tout péché.
Bien sûr, comme le rappelle le dogme lui-même, c’est par un geste de salut anticipé provenant de la croix du Christ, et pour qu’elle soit la digne mère du fils de Dieu incarné et sauveur du monde.
Marie fait donc totalement partie du peuple des sauvés, mais mieux que nous, avant nous et finalement aussi pour nous puisque sa « toute sainteté » était orientée vers la venue du Sauveur du monde, le sien, le nôtre et celui de toute l’humanité.
Il ne faudrait surtout pas que le privilège de l’Immaculée Conception éloigne Marie de nous, le peuple des pécheurs sauvés par son fils, notre frère Jésus-Christ.
Et pour mieux comprendre cette proximité, non pas malgré mais à cause de sa toute sainteté –car la sainteté n’éloigne pas mais au contraire rapproche-, contemplons l’Immaculée dans la vie réelle et même ordinaire de cette femme d’Israël.
* Une sainteté en tablier de cuisine, dans la simplicité de Nazareth. Marie l’épouse et la maman.
* Une sainteté de service par amour quand, enceinte, elle franchit les montagnes pour secourir sa cousine Elisabeth. Marie de la visite.
* Une sainteté de migrante rejetée, au point de devoir accoucher en compagnie des animaux. Marie de la crèche à Bethléem.
* Une sainteté de réfugiée quand elle doit fuir en Egypte avec son époux Joseph pour protéger leur enfant de la mort. Marie de l’exil.
* Une sainteté de joie partagée quand elle signale à Jésus que les mariés de Cana manquent de vin pour continuer la fête. Marie de la noce.
* Une sainteté de prière et de liturgie quand elle monte au temple pour accomplir ses devoirs religieux. Marie de Jérusalem.
* Une sainteté de mère douloureuse et solidaire quand elle est debout au pied de la croix sur laquelle meurt son fils, condamné à mort. Marie du Golgotha.
* Une sainteté d’Eglise et en Eglise quand elle est présente et priante avec les apôtres et les disciples de Jésus à Pentecôte pour former et lancer la première communauté chrétienne. Marie du Cénacle.
En résumé, toutes les « saintetés » de Marie Immaculée sont encore aujourd’hui partagées et imitées parce qu’elles portent fleurs et fruits au ras de la vie ordinaire, là où l’évangile est mis en pratique, tout simplement.
C’est bien cela que Marie nous rappelle sans cesse puisque ces derniers mots cités dans l’Evangile de Jean sont ceux-ci : »Faites tout ce que Jésus vous dira. »
C’est ça, être enfants de Marie. C’est ça, former l’Eglise mariale. C’est ça finalement honorer cette invitation d’humilité et de louange : « Oui, le Tout-Puissant a fait pour toi des merveilles. Bienheureuse es-tu parce que saint est son nom.
Amen.
Claude Ducarroz
mercredi 8 décembre 2010
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