samedi 21 janvier 2017

Dimanche de l'Unité

Visitation
Dimanche de l’unité
2017

Rien de nouveau sous le soleil ! Même dans l’Eglise.
Corinthe an 56. « Moi, j’appartiens à Pierre ! » Chez nous en 2017. Pierre ? Sûrement un catholique !
Corinthe an 56. « Moi, j’appartiens à Paul ! » Chez nous en 2017. Paul ? C’est un protestant.
Corinthe an 56. « Moi, j’appartiens à Apollos ! » Chez nous en 2017. Apollos ? Tiens, voilà un orthodoxe.
Heureusement, dans l’épître, il y en a encore un qui dit : « Moi, j’appartiens au Christ. »
Avec cette bonne question adressée à tous : « Le Christ est-il donc divisé ? »
On peut même continuer. Est-ce Paul – ou Luther - qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Pierre - ou du pape - que vous avez été baptisés ? Est-ce l’évangile d’Apollos – ou d’un patriarche d’Orient - que vous avez reçu ?
Et le mot de la fin : « Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : qu’il n’y ait pas de divisions entre vous. Soyez bien unis dans un même esprit et une même pensée. »

Baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, nous sommes tous des chrétiens à part entière. Pourquoi avons-nous encore tant de peine à le reconnaître, à nous en réjouir  et à en tirer les conséquences?

L’essentiel nous est commun :
* L’appel à suivre le Christ dans la foi, comme les premiers disciples, Pierre, André, Jacques et Jean au bord de la mer de Galilée. « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. »
* L’évangile du Royaume, cette bonne nouvelle qui est lumière sur notre route humaine et promesse de vie éternelle.
* L’Esprit Saint qui nous donne la force de témoigner pour l’actualité de Jésus dans un monde difficile, et parfois hostile.

Tout cela – et bien d’autres grâces encore -, nous l’avons reçu en commun. Ne serait-ce pas suffisant pour que nous puissions nous appeler frères et soeurs, et l’être vraiment ?
Bien sûr, comme ça arrive souvent, même dans les meilleures familles, il y eut des conflits entre nous, surtout dans nos passés respectifs.

Pourtant enfants d’un même Père, nous n’avons pas résisté à des querelles d’héritage, à la rage d’avoir raison tout seuls, à la tentation de juger, de rejeter, d’exclure et même  -c’est un immense péché - d’éliminer l’autre, y compris dans des guerres dites « de religion »… Une horrible infidélité quand cette religion est celle du Christ et de son évangile d’amour et de pardon.

L’œcuménisme, c’est cette longue marche de réconciliation entre enfants de la même famille que leurs fautes réciproques ont éloignés et parfois même séparés.

A partir de cette reconnaissance de base – nous sommes de la même famille -, il nous faut maintenant nous rapprocher en puisant ensemble dans les sources communes de notre fraternité : la parole de Dieu, la prière, le besoin de faire une Eglise unie, la joie d’évangéliser ensemble et celle de servir notre humanité au nom de notre unique Seigneur Jésus Christ.

A partir de points de départ différents, nous avons tous un certain chemin à parcourir à la rencontre des autres.

* Dans un effort de purification, il nous faut solder dans le pardon réciproque les méchants jugements, les inimitiés et surtout les violences qui ont laissé des cicatrices dans nos mémoires personnelles et collectives.
* Il nous faut remettre en question, pour aboutir à de nouveaux consensus de base, les points critiques qui opposent encore nos doctrines et nos théologies, en reconnaissant que la Vérité  peut être exprimée de diverses façons parce qu’elle nous porte tous en nous dépassant tous.
* Il nous faut retisser la trame de relations qui dessinent l’unité dans la diversité et la diversité dans la fraternité.
* Nous avons tous des cadeaux évangéliques en réserve pour les autres. Nous en sommes devenus les propriétaires exclusifs et même jaloux. Ces présents attendent encore le jour de la joyeuse mise en commun sur la table de l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Encore faut-il qu’ils aient passé par une certaine révision des contenus et se présentent avec des emballages réformés pour être acceptés et même appréciés.

Comme vous le voyez et le pressentez, l’œcuménisme est un chantier encore largement ouvert, mais c’est une tâche magnifique en vue d’une belle construction.  Nous voulons nous y engager tous, et chacun comme il est, en sachant que le Christ lui-même est à l’œuvre en cette mission, lui qui a prié pour qu’elle réussisse : «Père, ceux que tu m’as donnés…, qu’ils soient parfaitement un afin que le monde puisse connaître que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »

 Face aux obstacles qui demeurent, parfois devant des reculs qui nous navrent, il ne faut pas désespérer. Au contraire, il faut s’encourager et redoubler d’engagement, sur les ailes de la prière et avec les énergies de l’Esprit.

Cette cause est difficile, mais elle ne peut pas être perdue puisque c’est la cause de l’évangile dans notre monde et dans notre temps. Une cause d’autant plus essentielle et urgente que notre société semble s’éloigner du christianisme. Nous ne pouvons relever  le défi de cet évangile à diffuser que si nous sommes unis sur l’essentiel pour en témoigner à la face du monde.
« Père, dit Jésus avant de mourir, je ne te prie pas seulement pour eux, mais pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi…. Oui, qu’ils soient un comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous afin que le monde croie. »

Amen ! Qu’il en soit vraiment ainsi !

                                                                       Claude Ducarroz


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