mercredi 4 janvier 2017

Jour du Nouvel An

1er janvier 2017
Homélie

2017. Déjà ! Comme le temps passe vite. Toujours plus vite, disent les gens de mon âge, avec un brin d’inquiétude.
En ce premier jour de l’an nouveau, la liturgie de l’Eglise nous rassemble à nouveau devant la crèche.
En Jésus, le Verbe éternel a planté sa tente au milieu de nous. Le maître de l’Histoire habite notre temps. Le Fils de Dieu est devenu le fils de Marie, la petite servante de Nazareth. Il a passé son temps humain à faire le bien, jusqu’à sa mort par amour sur la croix. En entrant dans la gloire du ressuscité, il a ouvert nos vies mortelles sur l’espérance du Royaume de Dieu. Nous sommes des promis au bonheur éternel dans la maison du Père.

Mais en attendant, me direz-vous ? Après tout, nous ne sommes pas pressés ! Entre une survenue imposée et un départ à date inconnue, il y a en effet ces années variables, suivant les personnes et les destins. Et les années passent. Une de plus. Une de moins ? C’est selon.
Au calendrier de l’existence, les calculs se brouillent. Il nous faut vivre, et si possible bien vivre pour ne pas perdre notre temps, surtout celui qui nous reste, dans la troublante incertitude de sa durée.
Et là peut-être, toujours à la crèche et à l’école de Marie, nous avons à recueillir quelques bonnes recettes pour gagner du temps, le temps. Comme Jésus et surtout avec lui :
habiter notre temps,
remplir notre temps,
ouvrir notre temps.

* D’abord habiter résolument notre temps, l’aujourd’hui de Dieu en nous et autour de nous.
Oui aux souvenirs, mais non à la nostalgie qui nous projette – jusqu’à nous y enfermer - dans des passés largement surfaits. Ah ! ce sacré et faux « bon vieux temps » !
Oui à l’espérance qui ouvre à nos désirs un espace d’avenir, mais non aux délires utopiques qui nous dispensent d’agir, en attendant des jours meilleurs, des lendemains qui chantent… et qui ne chantent jamais.
Avec l’Esprit du Seigneur qui nous a mis au monde – en ce monde, ici et maintenant -, portons vaillamment nos solidarités humaines, les heurs, bonheurs et malheurs de notre temps. Voilà qui est digne de l’homme, voilà qui épouse la cause de Dieu en l’humanité, celle de l’après Noël, sans perdre notre temps.

* Et puis remplir notre temps. Au fond du panier de cette belle ménagère qu’est notre vie, il y a sans doute quelques restes des courses passées au marché de nos besoins, pas toujours très constructifs. Des restes pour la miséricorde. Mais il y a encore beaucoup de place pour de meilleures dépenses, à commencer par celles qui nous invitent à nous donner - à nous dépenser nous-mêmes -  avant d’aller grignoter les autres ou chez les autres.
Remplir notre temps par de l’amour - sincère, généreux, désintéressé -, ne serait-ce pas la meilleure façon de ne pas perdre son temps, si l’on a un peu compris la recommandation de Jésus : « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » ? Et cette remarque de l’apôtre Paul : « L’amour ne passera jamais ».
Aimer. Nous aimer les uns les autres : que voilà une excellente recette pour remplir l’espace et le temps qui nous restent avec rien moins que de l’éternel.

* Enfin, ouvrir le temps. Ou plutôt le laisser ouvrir par Dieu, l’éternel fraternel en Jésus-Christ. Ouvrir sur l’au-delà du temps, de notre temps. Car depuis Noël et surtout depuis Pâques, notre vie n’est pas une trappe dans laquelle nous aurions l’illusion d’exister, pour se refermer à notre mort sur un immortel néant. Si nous savons bien que nos plus chers désirs ne suffisent pas à ouvrir un ciel de bonheur parfait, nous pouvons accueillir avec reconnaissance les divines  promesses jaillies au matin de Pâques : être toujours avec le ressuscité, là où il est, comme il est, en pleine gloire. Et prendre du temps pour cela. Notre vie dite « religieuse »  - avec ses paroles de lumière, ses sacrements, ses prières, ses silences - n’est pas une perte de temps, comme disent certains, mais une belle manière de gagner du temps dès ici-bas, du temps déjà pris sur l’éternité qui nous attend.

Pour marcher avec confiance sur l’arc-en-ciel multicolore de 2017, que Dieu nous aide à habiter notre temps, à remplir d’amour tout ce temps offert et à ouvrir le temps.
Sous sa sainte bénédiction et avec le sourire de Marie.


                                               Claude Ducarroz

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