mercredi 17 avril 2019

Jacques Loew, enfant de son siècle

Jacques Loew : un enfant de son siècle Né à Clermont-Ferrand en 1908, décédé au monastère d’Echourgnac (Périgord) en 1999, Jacques Loewe a vraiment embrassé le siècle. Ses abîmes, ses remontées, ses multiples passions. Fils de la bourgeoisie Fils unique dans une famille de médecins, Jacques Loew a grandi dans la bourgeoisie de Nice, comme un enfant gâté, mais rarement satisfait. Au terme de ses études parisiennes, avocat dandy, il éprouve un immense vide intérieur consolidé par un athéisme hédoniste. La maladie le rattrape. En séjour à Leysin, après un bref détour au couvent de la Valsainte, il vit une sorte de « chemin de Damas » au contact de la nature et du silence. Encore lui faut-il passer de l’Evangile du Christ à la communion de l’Eglise. Pas simple ! Mais brûle en lui l’ardeur des nouveaux convertis. Il entre chez les Dominicains en 1934 et devient prêtre en 1939. La mission en monde ouvrier L’Eglise de France est alors soulevée par un grand élan missionnaire en direction du monde ouvrier qui semble si éloigné de l’Eglise. Le jeune dominicain est envoyé à Marseille dans une mission auprès des dockers. Durant 13 ans, l’ex-bourgeois devient l’un des premiers prêtres-ouvriers. Il apprend la vraie vie dans un partage quotidien avec les plus pauvres, non sans s’appuyer sur le témoignage et l’amitié de Madeleine Delbrêl -elle aussi une convertie- qui s’était établie à Ivry en pleine banlieue communiste. 1954, c’est l’interdiction des prêtres-ouvriers par le Vatican, « douleur et déchirement », commente Jacques Loew. Beaucoup ne comprennent pas cette mesure brutale, quittent le ministère ou continuent dans la désobéissance. Une grave crise que le concile Vatican II essaiera de réparer. Jacques Loew choisit de demeurer en communion avec l’Eglise, mais en imaginant une nouvelle manière de prolonger l’apostolat en monde ouvrier. En 1955, il fonde la Mission ouvrière Pierre et Paul. Tout en évitant des engagements socio-politiques directs, les prêtres de la MOPP partagent au plus près la condition prolétaire, en mettant l’accent sur la vie spirituelle, la convivialité en petite équipe et le lien régulier avec les responsables de l’Eglise. De telles communautés de base s’installent au Brésil, au Japon, en Europe -y compris à l’Est- et même en Suisse. A l’Ecole de la Parole de Dieu Après le concile Vatican II (1962-1965), le Père Jacques Loew comprend qu’il faut mieux enraciner la formation des catholiques dans la fréquentation savoureuse de la Parole de Dieu. Peut-être s’est-il souvenu de son passage à l’Ecole du dimanche quand son père l’avait inscrit à la catéchèse chez les protestants pour lui éviter de « tomber dans les griffes des curés ». Cette parole biblique va constituer l’architecture de sa nouvelle fondation : l’Ecole de la foi. Elle s’installera en 1969 à Fribourg, cité universitaire plus tranquille qu’en France post 68, et surtout confiée à ses confrères dominicains, réputés pour la solidité de leur enseignement théologique. Telle est l’originalité de l’Ecole de la foi : la parole de Dieu doit être sérieusement étudiée, joyeusement célébrée dans la liturgie et surtout vécue au sein de petites équipes internationales en appartement. Cette école, durant les 37 années de son existence à Fribourg, a formé 1900 personnes provenant de 75 pays, parmi lesquels 157 Suisses, qui continuent de se dévouer au service de l’Eglise chez nous ou ailleurs, comme laïcs, religieux/religieuses et même prêtres. Le rayonnement d’un pionnier Le rayonnement du Père Loew a été décuplé par des publications fort nombreuses et de haute qualité. Le pape Paul VI a reconnu et apprécié l’apostolat de cet « homme de l’Evangile ». Il lui a confié la prédication de la retraite de Carême au Vatican en 1970, un enseignement encore disponible sous le titre « Ce Jésus qu’on appelle Christ » (Editions Fayard). En 1981, le Père Loew quitte la direction de l’Ecole de la foi, qu’il transmet au diacre Noël Aebischer, en collaboration avec son épouse Josiane. Lui-même retrouve une vocation plus monastique et même érémitique. Il se retire dans l’abbaye de cisterciennes d’Echourgnac où il passe les 8 dernières années de sa vie. Il y meurt le 14 février 1999 à l’âge de 91 ans. Pour mieux connaître sa vie très riche en rebondissements et pour se référer à ses écrits encore pleins d’actualité apostolique, il faut lire Le bonheur d’être homme - des entretiens avec Dominique Xardel (Editions du Centurion 1988). Deux manifestations vont commémorer prochainement les 20 ans de la mort de Jacques Loew et les 50 ans de la fondation de l’Ecole de la foi - Samedi 11 mai 2019 à 17h30 en l’église Ste-Thérèse de Fribourg (Suisse) : messe de mémoire et de merci présidée par Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. La célébration sera précédée par une exposition et un spectacle, et suivie par un moment de fraternelle convivialité. - Du mercredi 29 mai (17h00) au dimanche 2 juin 2019 (14h00) [week-end de l’Ascension] à Montferrand-le-Château (Besançon - France) ) : rencontre internationale de partage pour faire mémoire et surtout recueillir les fruits d’avenir de la personnalité apostolique de Jacques Loew. Pour toute information : www.fondation-loew.ch Claude Ducarroz Cet article a paru dans l’Echo Magazine du 18 avril 2019 p. 36-37.

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