Après mes interventions dans les medias

Aux personnes qui m’ont écrit à la suite de mes récentes interventions dans les médias.

Chères amies, chers amis

A mon grand étonnement, mes interventions dans les médias à la suite des affaires de pédophilie dans notre Eglise ont provoqué de très nombreuses réactions. Si nombreuses que je me permets de répondre par cette lettre « circulaire ».

La plupart du courrier reçu manifeste approbation et même félicitations. Mais les voix discordantes sont aussi respectables et souvent utiles. Je remercie tous et chacun.

Nous sommes tous unis dans le regret et surtout dans la prière pour celles et ceux qui, directement ou indirectement, souffrent ou sont scandalisés par de tels faits et leurs malheureuses conséquences.

Une précision en ce qui me concerne : on m’a fait dire que je combattais le principe du célibat ecclésiastique. Rien de tel, en vérité, d’autant plus que j’en apprécie le bien-fondé dans ma propre vie et au service de mon ministère de prêtre. Ce que j’ai par contre remis en question, c’est le fait que ce célibat soit imposé à tous les prêtres sans exception, avant et après l’ordination. Cette obligation universelle ne me paraît pas juste au vu des prêtres « en mal être » à cause de cet état de vie et au vu des confrères qui ont quitté le ministère pour se marier, alors que beaucoup parmi eux auraient pu exercer un beau ministère « avec famille », comme c’est le cas dans les Eglises d’Orient, y compris celles qui appartiennent à la communion catholique. Je rejoins par là la demande de nombreux synodes et assemblées qui ont souhaité la possibilité d’ordonner aussi des hommes mariés.

Je reconnais que la pédophilie chez certains prêtres ne prouve pas qu’il y ait un lien évident entre leur célibat et cette dérive pathologique. Mais je maintiens que la situation serait plus saine si le choix des deux états de vie dans la même vocation était rendu possible, comme ce fut le cas durant le premier millénaire de notre Eglise en Occident.

J’espère que, peu à peu, la fièvre médiatique va redescendre. Je m’y emploie pour ma part en refusant désormais d’en parler encore. On sait ce que je pense, ça suffit.

A l’approche de ces fêtes pascales, quelle que soit notre vocation, nous sommes tous ré-invités à nous accrocher aux plus grosses branches quand souffle la tempête sur l’arbre de l’Eglise. Et nous savons que ces branches ont la forme de la croix du Seigneur ressuscité.
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Je vous suis très reconnaissant si vous pouvez ajouter une prière pour vos prêtres qui, même avec leurs défauts, donnent leur vie « à cause du Christ et de l’Evangile », en étant généreux à votre service. Votre amitié, par les temps qui courent, leur est aussi très précieuse. J’en fais, moi aussi, tous les jours l’expérience émouvante et fortifiante.

Je vous souhaite encore de belles Pâques, dans la joie de croire, plus que jamais, que le Sauveur du monde et le Seigneur de l’Eglise est victorieux de tout mal.

Mardi Saint 2010 Claude Ducarroz