La vie est belle. Quoique…
Rotary Club Sarine
Fribourg, le 10 mars 2010
Introduction
Permettez d’abord que je lève mon verre à la santé du bonheur suisse.
Si j’en crois la publicité que j’ai trouvée un jour dans le supplément de l’Hebdo intitulé « Type », être heureux « en Suisse » -je veux dire à la manière suisse-, c’est :
- cesser de diaboliser l’infidélité
- dégager de la testostérone, car le mâle est de retour
- faire de son business une success story
- porter une montre qui fait bien plus que donner l’heure
- habiter un appartement au look de design
- rouler en Land Rover, mais mise au vert
- pratiquer l’art du barbecue, car « je mange donc je suis »
- avoir la panoplie du petit geek ou quand l’inutile devient parfaitement indispensable
- avec cet avis définitif : « Peut-être que le bonheur, dans le fond, est bien dans le pré. Dans cet endroit où l’on vit sans rien d’autre à foutre que s’écouter pousser les poils. »
Florilège d’avis sur la question
Mais qu’est-ce donc que ce bonheur dont tout le monde parle, me direz-vous ?
Si j’en juge par un petit détour dans les citations, il y a quelques optimistes du bonheur, mais surtout de nombreux pessimistes.
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes.
Quand nous ne manquons de rien, c’est que le bonheur nous manque.
Il n’y a pas d’amour heureux, même s’il n’y a pas de bonheur sans amour.
Tout bonheur est d’imagination, toute vie de déception.
Ne proclamons nul homme heureux, qu’il ne soit mort.
Les hommes s’amusent pour oublier qu’ils ne sont pas heureux.
Le bonheur, c’est l’expérience pathétique de joies précaires vécues sous le gouvernement de la mort.
L’homme peut tout inventer, sauf l’art d’être heureux.
Il ne suffit pas d’être heureux. Il faut encore que les autres ne le soient pas.
Par le mythe vulgaire du bonheur, on peut faire des hommes à peu près ce que l’on veut, et tout ce que l’on veut des femmes.
Et comment ne pas citer le poème superbe de Lamartine :
Assez de malheureux ici-bas vous implorent.
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux !
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Et du côté des optimistes ? Ils sont rares.
Soyons reconnaissants aux personnes qui nous donnent du bonheur. Elles sont les charmants jardiniers par qui nos âmes sont fleuries. (Proust)
L’homme est fait pour le bonheur comme l’oiseau pour le vol. (Gorki)
Heureusement, il existe encore quelques chansons qui célèbrent discrètement le bonheur.
Celle-ci par exemple de Benabar : Le bonheur, ça ne se trouve pas dans les lingots, mais dans la petite monnaie. Ou cette chanson de François Vez : Les petits bonheurs sont des courants d’air aguicheurs.
L’improbable peut arriver
Quand on voit ce qu’on voit, quand on entend ce qu’on entend, est-ce encore possible d’être heureux ?
Chacun de nous, à cause de sa situation personnelle, familiale ou professionnelle -sans compter tous les drames du monde et même de l’Eglise- aurait bien des raisons, sinon d’être malheureux, du moins de ne pas être heureux. Et pourtant.
Je pense à Jean-Claude, un adolescent qui me dit un jour en colère : Je n’ai pas demandé à vivre. Pourquoi ne m’a-t-on pas consulté avant de m’imposer la vie ?
Maintenant Jean-Claude est avocat et je sais qu’il aide les autres à être un peu plus heureux.
Marcel avait 18 ans quand il me déclara : Je trouve très injuste que l’on ne puisse pas choisir ses parents. Si c’était à refaire, je ne choisirais pas ceux que j’ai.
Il était battu par son père et sa mère se taisait. Maintenant, Marcel est un bon père de famille et même un heureux grand-père.
Gilberte avait 42 ans quand elle a accouché de son sixième enfant. Elle m’a dit dans la préparation au baptême : Je viens seulement de prendre conscience qu’en donnant la vie à Véronique, je lui avais aussi donné la mort. Mon enfant est mortelle.
Véronique est aujourd’hui mariée. Elle a donné la vie à son tour.
Décidément, l’être humain est un étrange animal. Il vit, c’est une évidence, mais en plus il se pose inévitablement des questions cruciales sur sa vie, ce qui peut faire son bonheur et fait souvent son tourment. Quel est le sens ultime de tout cela : la naissance, la vie, la mort ?
On peut essayer de passer beaucoup de temps à oublier ces interrogations lancinantes. Elles finissent toujours, tôt ou tard, par nous rattraper.
Comment vivre heureux -au moins de temps en temps- entre une vie qu’on n’a pas choisie et une mort qu’on va probablement subir, nous qui ne savons ni le jour ni l’heure ?
Plaidoyer pour les petits bonheurs
Je crois profondément que le bonheur, justement, c’est comme la vie : c’est du donné à recevoir, c’est du cadeau à accueillir, c’est ce qu’on appelle une grâce.
Assoiffés que nous sommes, errant le plus souvent dans le désert aride de nos circonstances, nous risquons toujours de passer à côté des petites oasis qui peuplent nos solitudes parce que nous courrons après les mirages qui miroitent à l’horizon sans jamais nous abreuver vraiment.
Ah ! ces petits bonheurs, à portée de main, gratuits comme le soleil, tendres comme la lune.
La nature n’est-elle pas ce jardin toujours disponible à tous, quelles que soient nos humeurs ou nos conditions de vie, qui nous offre toujours de quoi sourire, un brin de bonheur, comme une petite branche de muguet le 1er mai. ? La fleur sous la rosée, le parfum d’une violette au printemps, la neige qui enrobe le silence glacé de tant de beautés, les étoiles qui nous font signe mystérieusement –de si loin, tout là-haut-, le mariage du lac et de la forêt, ces oiseaux qui chantent, pour qui sinon pour toi, pour moi : tout cela c’est du bonheur semé comme de la petite monnaie au bord de nos chemins.
C’est un deuxième malheur que, même dans nos malheurs, nous ne soyons plus capables d’apprécier le cadeau d’une rose, l’odeur du foin qui sèche, un rayon de soleil dans le soir, et tant d’autres présents jetés sous nos pieds et surtout devant nos yeux, par le Créateur lui-même, le plus génial des artistes parce qu’il partage ses beautés gratuitement, avec tous.
Arts et amours
Mais figurez-vous, il y a encore mieux : je veux parler des arts et des amours.
Quel bonheur -et je dirai même quelle consolation quand nous ne sommes pas heureux- de pouvoir contempler, si possible en silence, les merveilles laissées par les artistes de toutes les créativités ! N’avez-vous jamais été réconfortés par un opéra de Mozart, par une cathédrale gothique en Ile de France ou baroque en Bavière ? Tant de beautés, parfois surprenantes et déconcertantes, en pierre, en bois, en bronze, en couleurs et en formes, en lettres aussi, en notes de musique, changent nos larmes de tristesse en pleurs de joie, tellement c’est sublime, indicible ?
Feuilletez le grand livre des arts de toutes sortes. On n’en finit plus de contempler, de prendre l’ascenseur pour le ciel, de se laisser apaiser par le rayonnement de tant d’explosions esthétiques, qui touchent le coeur et réjouissent l’esprit. Un vrai bonheur.
Mais rien ne vaut, n’est-ce pas, des rencontres humaines.
Bien sûr, il y a les grandes émotions de l’amour humain, fragiles, mais intenses. C’est un célibataire qui vous parle : je suis toujours ému quand je rencontre une famille où le bonheur susurre et parfois ruisselle, je suis touché jusqu’aux larmes quand je croise une femme enceinte, il est si merveilleux de voir des signes d’amour vrai dans les rapports humains, sans compter l’amitié, qui est une des plus belles formes de l’amour.
Il y a des fontaines de bonheur tout autour de nous, et nous ne savons pas les voir, ou nous n’osons pas y boire. Cessons d’être réticents face aux petits bonheurs quotidiens, quand ils sont sincères, authentiques, respectueux des autres, humbles dans leur robe de clarté, ceux qui scintillent au fond des yeux d’un enfant, ceux qui habitent nos silences, ceux qui soulèvent nos prières. Oui, la joie d’aimer et d’être aimé -cœur, esprit et corps aussi- dans tant de rencontres plus profondes que nos plus chers désirs, plus heureuses que nos plus tendres rêves.
Et les malheurs ?
Et alors, me direz-vous, comment être heureux, quand ma famille éclate, quand j’apprends que j’ai un cancer, quand mon ami s’est suicidé, quand je tombe au chômage, quand mon enfant erre dans la drogue, etc… ?
Et puis tous ces malheurs d’ailleurs, de très loin parfois, qui nous heurtent sans ménagement sur nos écrans de télévision ou d’ordinateurs, les drames des autres qui –je l’espère du moins-deviennent un peu les nôtres, puisque nous les savons, nous les voyons : le tremblement de terre en Haïti, les guerres, les violences, les enfants qui meurent de faim -3 par minute-, les droits humains foulés au pied, tant d’innocents maltraités, opprimés, humiliés, massacrés.
Comment revenir d’Auschwitz –j’y suis allé 4 fois, toujours avec des jeunes- et croire que l’on peut encore être heureux ?
Je vous l’avoue humblement : je n’ai pas une réponse toute faite, je ne comprends pas toujours, je m’interroge –et j’interroge Dieu- sur tous ces malheureux innocents et victimes, Je me mets en colère, je me révolte aussi.
Le bonheur paradoxal
Alors il m’arrive d’ouvrir un vieux livre encore d’actualité, l’Evangile, au chapitre 5 de Matthieu. Qu’est-ce que je trouve : des béatitudes, des déclarations et en même temps des promesses de bonheur. Comment ne pas s’y intéresser quand on recherche le bonheur, comme le tournesol le soleil ?
J’y vois d’abord un étrange portrait, le portrait de celui qui les a dites. Ce pauvre, ce doux, cet humble, cet artisan de paix, ce cœur transparent, c’est Jésus tout crû. Et ce lutteur pour la justice, ce grand miséricordieux et surtout ce persécuté, calomnié, rejeté : mais c’est lui. Et il nous dit chaque fois : heureux ! neuf fois heureux !
Ou il est fou, ou il est Dieu. Comment ça ? On peut être heureux même quand on est pauvre en moyens, quand on mise sur la non-violence, quand on croit à la pureté du coeur, quand on pardonne au lieu de se venger, quand on prend les risques de combattre pour la solidarité au lieu de se calfeutrer dans son confort égoïste, quand on accepte de souffrir plutôt que de faire souffrir, quand on se met au service gratuit des autres –à commencer par les plus pauvres- au lieu de profiter de toutes les occasions pour s’enrichir, dominer, jouir, passer en tête en écrasant les concurrents.
Alors, ce serait à notre tour de devenir dingue, d’être des fous ?
Jamais je n’oserais m’aventurer sur ce terrain-là, tellement contraire aux usages courants, aux modes, à la publicité, aux instincts spontanés, s’il n’y avait pas deux évènements qui me bouleversent encore : la victoire pascale du crucifié et les exemples innombrables des saints.
La croix me répugne, c’est le contraire du bonheur, je n’en veux pas, même si je sais, par la vie -ma vie et celle des autres- qu’elle est inévitable dans toute aventure humaine. Mais je la vois autrement, je finis par l’accepter, je suis prêt à essayer de la porter –la mienne et celle d’autres autour de moi comme Simon de Cyrène- si je regarde du côté du dimanche, celui de Pâques, la victoire du crucifié.
Il n’y a de bonheur possible, dans les souffrances et les épreuves d’ici-bas, que pascal et pentecostal, celui du Christ malgré tout, celui de l’Esprit qui fortifie et dynamise l’aventurier de l’humanité.
Je sais que c’est dingue, mais je sais aussi que c’est possible. J’hésite à la proposer aux autres parce que je ne suis pas toujours à la hauteur du défi, mais je ne vois aucune autre solution. Heureusement, des frères et sœurs aînés, ont ouvert le chemin, Il est bel et bon de savoir et de voir parfois, tout près de nous ou au loin, que des hommes, des femmes, des enfants comme nous, ont choisi ce bonheur-là, et l’ont assumé, dans le paradoxe et la contradiction, au point de nous donner envie parfois d’emprunter aussi cette route, le chemin de la croix, la montée vers Pâques.
Le kit du bonheur
La visée est-elle trop ambitieuse, l’excursion quasi impossible, à cette altitude ?
Certainement. C’est pourquoi je crois qu’il nous faut prendre avec nous, pour une si rude randonnée de vie, le kit de survie -et même tout simplement de vie- que le Seigneur a prévu pour nous. Personne ne peut réussir la pénible grimpée du bonheur dans les terrains du malheur sans être éclairé, nourri et accompagné.
Eclairé : je veux parler de la Parole de Dieu qui seule peut nous indiquer les sentiers praticables malgré les obstacles inévitables. Il faut avoir une sacrée boussole -ou plutôt une boussole sacrée- pour tenir le cap dans autant de brouillard et de tempête.
Nourri : car il faut une nourriture substantielle et adaptée aux difficultés de l’aventure pour tenir le coup jusqu’au bout, quand ça fait mal de choisir les ingrédients des béatitudes –toutes coriaces- comme idéal de vie. Il y a l’eucharistie, les autres sacrements. Et ce saint Esprit qui, discrètement, souffle où il veut, autrement dit dans nos voiles déployées pour accélérer le mouvement, surtout lorsque nous sommes fatigués par la montée.
Enfin accompagné. Par celui qui nous a promis de demeurer avec nous jusqu’à la fin du monde, bien sûr. On peut lui faire confiance. Mais il y a aussi les frères et sœurs en Eglise. La communion des saints là-haut, mais aussi la communauté des hommes et femmes en voie de sainteté ici-bas.
Que sont nos communautés chrétiennes si elles ne sont pas l’espace humain où les chrétiens –et d’autres aussi évidemment- peuvent trouver soutien, compassion, partage des joies et des peines ? Nul ne devrait se sentir jamais seul, qui appartient à la famille de l’Eglise, communauté des communautés et ferment de convivialité et de fraternité dans la société.
L’Eglise, c’est la cordée de l’Evangile, l’équipe des pratiquants des béatitudes qui se donnent la main pour tenir sur la longueur et viser le sommet proposé par Jésus de Nazareth, en donnant envie à d’autres d’entrer dans la danse de ce bonheur-là.
La leçon de l’accouchement
Je ne veux pas tomber dans l’euphorie. Notre soif de bonheur est telle qu’elle s’apparente à l’immensité de la mer, alors que nous n’avons ici bas à notre disposition que quelques sources et quelques fontaines. Nous sommes programmés pour le bonheur éternel. Rien ne peut donc nous rassasier vraiment, même s’il ne faut pas que la béatitude espérée donne un goût de cendres aux petits bonheurs possédés. Bien au contraire. Reste que le bonheur à la taille de notre appétit n’est rien d’autre que celui de Dieu en nous, quand il sera tout en tous. Nous allons vers la béatitude parfaite et éternelle. Ce qui signifie que ce n’est pas encore arrivé, ce qui veut dire surtout que la promesse est ferme et l’issue certaine, puisque c’est Dieu lui-même qui a mis en nous la soif parce qu’il est lui-même l’océan.
Qu’est-ce à dire ? Je l’ai compris un jour de mai quand j’étais encore jeune vicaire justement à la cathédrale de Fribourg. Je visitais régulièrement une maison tenue par des religieuses admirables, qui accueillaient et souvent recueillaient des mamans célibataires. Un soir, à la fin d’une réunion avec ces dames, j’ai émis imprudemment le désir de participer une fois à un accouchement. Véronique m’a pris au mot : quand ce sera le moment, je vous appellerai. Et ce jour vint. Alors j’ai compris ce que des années de théologie ne m’avaient pas encore révélé vraiment. Nous sommes faits pour trois mondes et deux accouchements.
Le premier bonheur que nous avons éprouvé –fondateur de tous les autres sans en avoir un souvenir conscient-, c’est le sein de notre mère, quand nous nagions dans cette félicité basique, au chaud et dans l’eau. Et pourtant il a fallu sortir de ce bain confortable pour accéder à d’autres bonheurs par d’autres expériences plus conformes à notre vocation humaine. Naître est une violence, une douleur, un passage étroit et difficile. C’est cette naissance-mort qui seule peut nous permettre d’épanouir toutes nos capacités de vie, d’amour partagé, de créativité, de connaissance, d’émotions. En un mot tout ce qui fait la joie de vivre, par nos sens et en trouvant un sens à la vie.
Et pourtant, tous ces bonheurs, pas toujours d’ailleurs également partagés, ne nous suffisent pas encore. Il y a mieux, nous voulons plus. Nous sommes des perpétuels insatisfaits, même quand nous disons être heureux. Même dans les expériences extrêmes de l’amour, s’il y a un avant-goût du bonheur total, il demeure menacé et toujours éphémère. Nous ne pouvons faire rimer amour avec toujours que dans les rêves ou la poésie, ces ponts jetés vers un impossible et pourtant indispensable infini.
Il nous faut donc accepter de passer encore une fois, je dirais plutôt de pâquer, vers un bonheur enfin aux dimensions de ce que nous sommes et de ce que nous souhaitons, pour nous et celles et ceux que nous aimons. La mort, c’est le mauvais côté de la naissance définitive, avec ses arrachements inévitables, avec l’angoisse de l’inconnu, avec la divine surprise d’arriver enfin là où nous devons être pour être heureux : en Dieu, dans ses bras, dans sa maison.
Et pour cela, comme pour la vie au départ, il nous faut accepter de tout recevoir, de ne pas conquérir l’impossible des hommes, mais d’accueillir humblement le possible de Dieu. Alors nous serons vraiment heureux, de ce bonheur de surabondance trinitaire qui fait la joie du poisson nageant dans l’océan de l’Amour majuscule. Tellement submergé d’amour, tellement rassasié de vie, tellement débordé par la joie, tellement irradié par la gloire.
Quels que soient les chemins –sentiers de montagne ou autoroutes- qui auront marqué notre itinéraire ici-bas, nous parviendrons tous au sommet du bonheur, dans l’inaccessible et pourtant réelle communion de la béatitude, le rendez-vous de notre être avec Dieu lui-même.
Dieu ma joie.
Final
Puisque j’avais commencé par un bonheur suisse sur papier glacé, permettez que je termine par le poème d’un chanteur suisse lui aussi –Jean Villard Gilles- écrit juste après la guerre, en 1948. Il me semble qu’il peut encore nous toucher aujourd’hui :
Quand l’aurore aux accents
D’une flûte champêtre
Saute sur ma fenêtre
Annonçant le beau temps,
Quand au sommet du jour
Le soleil, dans sa force,
Fier et bombant le torse
Fait rouler son tambour,
Ou quand le soir descend
En posant sur la ville
Ses douces mains tranquilles,
Dans mon ravissement
Je pense à ce bonheur
Dont nous rêvons sans cesse.
Mais la simple sagesse
Me dit avec douceur
Le bonheur est chose légère
Que toujours notre cœur poursuit.
Mais en vain, comme la chimère
On croit le saisir, il s’enfuit.
Il n’est rien qu’une ombre fugace,
Un instant, un rayon furtif,
Un oiseau merveilleux qui passe,
Ravissant mais jamais captif.
Le bonheur est chose légère,
Il est là comme un feu brûlant.
Mais peut-on saisir la lumière,
Le feu, l’éclair, l’ombre ou le vent
En ce siècle de peur,
De misère et de guerre,
Il est pourtant sur terre
De très simples bonheurs.
Ils sont là sous la main,
Faits de très humbles choses :
Le parfum d’une rose,
Un beau regard humain.
C’est le souffle léger
De l’enfant qui sommeille,
C’est l’amitié qui veille
Et le pain partagé.
Et puis voici qu’un jour
Le bonheur qu’on envie
Entre dans notre vie
Sur l’aile de l’amour.
Le bonheur, dans le grand silence
De la nuit, c’est sur le chemin
Le bruit clair de ton pas qui danse,
Ta main que je tiens dans ma main.
Le bonheur, c’est toi, source vive
De l’amour dans son vert printemps.
Quand la nuit, dans mes bras captive,
J’entends ton doux gémissement.
Le bonheur, c’est de croire encore,
Amants, que nous verrons un jour
Resplendir l’éternelle aurore
Qui sait, d’un immortel amour.
Claude Ducarroz
vendredi 12 mars 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire