Fleur de vie
Je vous dérange ?
Je suis frappé de voir combien de personnes commencent leur appel au téléphone par cette expression « Est-ce que je vous dérange ? »
Cette petite phrase peut être le signe d’une délicate politesse qui demande pardon a priori pour le dérangement occasionné par l’intrusion du téléphone dans la vie de l’autre. C’est vrai : il peut y avoir des appels qui perturbent malencontreusement.
Mais je soupçonne plutôt cette réaction instinctive de manifester une autre qualité, à moins que ce soit un défaut. Il ne faut pas déranger les gens, il faut rester chacun chez soi, il ne faut pas trop se mêler de la vie de son prochain. Ou, si on le fait, il convient de s’excuser par avance.
C’est avec une mentalité de ce type que l’on peut tomber dans l’individualisme. Plusieurs fois, au cours de visites de familles, j’ai entendu cette réflexion : « On ne se mêle de personne et tout va bien comme ça ».
Oui, mais ça va sans doute moins bien pour la voisine âgée qui peine à faire ses courses, pour la maman qui élève ses enfants toute seule alors qu’elle doit travailler à l’extérieur, pour la famille qui se débat avec le drame de la drogue ou du chômage, pour l’étranger qui se trouve aux prises avec tant d’inconnus dans la jungle de l’administration helvétique. On peut multiplier les exemples.
Savoir équilibrer la discrétion -qui refuse l’intervention invasive- et l’attention -qui s’oppose à l’indifférence égoïste- : c’est tout un art de la charité en actes.
Celle qui ne dérange jamais, mais tend la main toujours.
1541 signes Claude Ducarroz
samedi 17 avril 2010
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