Eglise en crise. Et après ?
Pour dynamiser la vie de l’Eglise catholique, le pape Benoît XVI a lancé une année sacerdotale censée « promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres afin de rendre plus incisif et plus vigoureux leur témoignage évangélique dans le monde ». Las ! Au-delà de quelques manifestations fort édifiantes, on constate que, médiatiquement parlant, on discute surtout des prêtres pédophiles ou peu scrupuleux avec leur engagement au célibat.
Devant la crise –ou le désastre-, à qui la faute ? Au diable, évidemment. Aux médias malveillants à l’égard de notre Eglise, ce qui revient à peu près à la même chose, selon certains. A notre environnement pornographique qui cloue au pilori les pauvres (prêtres) pécheurs après les avoir incité à commettre allégrement toutes les turpitudes.
Toutes ces réactions bottent en touche, sur le refrain connu et inutile : « C’est la faute des autres ! » Il vaut mieux, je crois, reconnaître humblement que nous avons péché et chercher comment, dans la prière et le courage, sortir de cette crise par des opérations de recentrage sur l’essentiel.
La transparence d’abord. C’est tout ce qui se met en place pour les douloureuses « opérations-vérité », pour le secours aux victimes, pour une meilleure sélection des candidats au ministère de prêtre, etc… Mais c’est aussi reconnaître que la grande majorité des prêtres –forcément imparfaits- donnent leur vie généreusement pour l’Evangile et pour l’Eglise, au service de communautés qui se cramponnent à la foi pour demeurer vaillantes dans un contexte d’épreuves pénibles. « Ne crains pas, petit troupeau… ».
Il reste le pas suivant, le plus difficile à accomplir, celui d’une vigoureuse conversion. Car il s’agit de procéder à des réformes en profondeur qui visent le long terme et exigent des changements à la fois dans le choix des priorités et dans le rôle des structures.
Spirituellement, il est urgent de « revenir au centre », ou plutôt à l’essentiel. L’Eglise –c’est nous tous- doit se recentrer sur le Christ pascal et son Evangile vécu, quitte à simplifier beaucoup de choses dans les périphéries de ses traditions. Il lui faut retrouver son cœur mystique et prophétique, qui doit battre à l’unisson de celui du Christ, l’intime du Père et l’ami de tous les hommes, à commencer par les plus pauvres et les plus souffrants. Faire Eglise, c’est se mobiliser dans l’amour pour annoncer cet Evangile-là dans notre société telle qu’elle est, ce qui suppose la collaboration fraternelle de tous les ministères, tous utiles parce que complémentaires. Dans cette conjoncture, élargir les voies d’accès au presbytérat et redéfinir les formes de vie des prêtres : tout cela devient incontournable. Nous ne pouvons plus nous contenter de gémir dans le désert.
De sérieuses remises en questions deviennent aussi urgentes au plan des structures ecclésiales. Le fonctionnement de l’autorité dans notre Eglise aboutit trop souvent à des pannes, et bien au-delà des simples maladresses d’information. Selon les bons exemples pris dans la Bible quand il y a crise dans les communautés (Cf. Actes 15), on s’en sort lorsque la vie circule bien entre trois pôles de réflexion pour mener à de justes décisions, y compris avec le Saint-Esprit ! Il y a certes le pôle personnel représenté par le « ministère de Pierre ». Il y a aussi le pôle collégial exercé par l’ensemble des évêques bien reliés à leur peuple. Il y a enfin le pôle communautaire dans les expressions multiples du témoignage vécu par les « simples fidèles ». Cette circulation vitale du triple sang ecclésial ne fonctionne pas bien dans notre Eglise. Dès lors il ne faut pas s’étonner qu’il y ait des infarctus dans l’institution fatiguée, surtout par temps de tempête sur la mer de notre société.
Une solution ? La plus traditionnelle, c’est de provoquer un évènement de nouvelle Pentecôte. On appelle cela un concile.
Jean XXIII, reviens !
3916 signes Claude Ducarroz
mercredi 5 mai 2010
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