Homélie
2ème dimanche du temps ordinaire
Une valse à trois temps ! Voulez-vous
danser avec l’évangile de ce dimanche ?
Quand on examine de plus près le rythme des
verbes qui donnent le ton des rencontres dans l’évangile de ce jour, on est
frappé de repérer trois notes récurrentes : voir, entendre, suivre. Tel
est le tempo de la musique biblique proposée à notre méditation.
Avec cependant une introduction et une
conclusion, comme il se doit pour toute composition qui se respecte.
L’introduction, c’est la présence discrète de
Jésus au milieu de la foule, parmi les gens. Il allait et venait, sans rien
dire encore, mais il était là.
La présence au monde du Christ anonyme, c’est
la base de tout, depuis sa venue à Noël parmi les plus pauvres, depuis sa
promesse postpascale : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la
fin des temps ». Certains reconnaissent cette présence à des signes
laissés par lui pour éveiller et consolider notre foi. La plupart l’ignore,
mais ça ne l’empêche pas d’être là, mystérieusement proche, compagnon de route
de notre humanité.
Et maintenant entrons dans la danse à trois
temps : voir, entendre, suivre.
Dans cet évangile, le premier pas est lancé par
Jean-Baptiste. Il pose son regard sur Jésus, il dit une parole que ses
disciples vont entendre - « Voici l’agneau de Dieu »- et ils
suivent Jésus.
N’y a-t-il jamais eu sur nos sentiers humains
des Jean-Baptiste qui nous ont montré le visage de Jésus, qui nous ont annoncé
sa présence, qui nous ont invités à le suivre ? Soyons reconnaissants pour
ces frères et sœurs, nos accoucheurs à la foi.
Et puis, pourquoi ne serions-nous, nous aussi,
des petits Jean-Baptiste qui révèlent le Christ autour d’eux, par nos paroles
et par nos actes ?
Pour le deuxième mouvement du concert
évangélique, Jésus lui-même entre en action. Il regarde ceux qui le suivent et
il leur adresse cette parole : « Que cherchez-vous ? »
C’est la première parole de Jésus dans l’évangile de Jean. Le Verbe éternel
fait chair au milieu de nous, pour sa première intervention orale, se contente
d’une question, même pas une affirmation. Oui, une question qui nous concerne
au ras de la vie : « Que cherchez-vous » ? Avec cette
invitation pleine de douceur et de respect : « Venez et voyez ».
L’invitation à faire l’expérience d’un partage fraternel.
Et voilà la suite, le « suivre »
Jésus : « Ils allèrent, ils virent, ils restèrent auprès de lui ce
jour-là ». Tout est dans ce « demeurer avec lui », même si
c’est seulement pour un jour, une expérience qui va changer toute leur vie. On
ne demeure pas en communion avec Jésus le Christ sans être transformé par une
telle fréquentation, par exemple eucharistique.
Il fallait s’y attendre : cette valse
d’évangile va en entraîner d’autres dans la danse, toujours avec les mêmes
trois temps.
André, l’un des premiers suiveurs de Jésus,
devient le Jean-Baptiste de son frère Simon. Il amène ce frère vers Jésus, et
c’est la même séquence qui se reproduit exactement : Jésus pose son regard
sur Simon, il l’appelle par son nom, tout en lui en donnant un nouveau qui
définira sa mission, la nouvelle façon de le suivre dorénavant. Il sera Pierre,
la pierre sur laquelle il bâtira son Eglise.
Trois mouvements dans cette valse des contacts
avec Jésus. Un point commun : directement ou indirectement, la musique de
la bonne nouvelle conduit toujours, finalement, à la rencontre personnelle avec
Jésus, pour le voir lui, l’entendre lui, le suivre lui, et demeurer le plus
longtemps possible avec lui.
Demeurer, c’est l’ultime conséquence de cette
aventure, non pas une rencontre à éclipses, mais la fidélité d’une communion,
certes à partir d’une recherche continuelle en ce monde, mais en vue d’une joie
perpétuelle dans l’autre.
Sur le chemin de notre existence mouvementée,
avec les bonheurs qui peuvent nous réjouir, mais aussi les malheurs qui peuvent
nous faire saigner, il y a heureusement quelques haltes près de la source qui
éclaire et qui nourrit. C’est la communion eucharistique. Quand Jésus en
parlera plus tard, il emploiera les mêmes mots et confirmera la même promesse.
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.
Et je le ressusciterai au dernier jour. »
A l’autre bout du pèlerinage, finalement, c’est
toujours la même invitation : « Venez et vous verrez ».
Nous irons à sa
rencontre et nous verrons sa gloire.
Mais en attendant, il nous invite à annoncer
cette espérance autour de nous, comme des Jean Baptiste pour aujourd’hui, comme
des témoins de l’évangile en acte. Oui, comme des danseurs qui entraînent les
autres dans la valse de cette bonne
nouvelle, la musique de Pâques sur le monde.
Claude Ducarroz
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