Homélie
3ème
dimanche ordinaire
Non, ce n’était pas à Jérusalem, mais dans un
petit village de Galilée.
Non, ce n’était pas au temple, mais au bord du
lac.
Non, ce n’était pas le sabbat, mais un jour
ordinaire.
Non, ce n’était pas pendant la prière ou la liturgie,
mais en plein travail professionnel.
Oui, c’est dans ces circonstances que Jésus de
Nazareth a appelé ses premiers disciples pour en faire ses apôtres, eux qui n’étaient
pas des notables religieux ou politiques, mais de simples pêcheurs.
Ainsi fit Jésus le Christ quand il voulut
lancer l’Eglise et sauver le monde.
Et ça continue. Mais vous, croyez-vous que ça
continue ainsi, autrement dit que vous aussi, qui que vous soyez, vous êtes
appelés par le même Jésus, le vivant actuel, le ressuscité ?
Quand j’étais enfant, autour de moi,
j’entendais des gens qui disaient : « Est-ce qu’il a la vocation ? »
Et avec l’arrivée de la soutane : « Oh ! J’impression qu’il a la
vocation. »
La vocation, c’était se sentir appelé à devenir
prêtre ou religieux. Comme vous le voyez, j’avais la vocation, même sans la
soutane.
L’évangile de ce dimanche nous ramène à des
évidences qui n’en sont pas toujours.
Nous sommes d’abord –tous- appelés à la vie, la
vie humaine qui fait de chacun de nous des aimés de Dieu, des créés à son
image, selon ce beau psaume : « Qu’est donc le fils d’Adam ? A
peine le fis-tu moindre qu’un dieu ; tu le couronnes de gloire et de
beauté » Ps 8
Et puis l’appel à la foi dans le baptême. Ce
jour-là, mystérieusement, Jésus nous a dit, comme à Simon et André, au bord de
la mer de Galilée : « Viens à ma suite. » C’est une invitation à
suivre quelqu’un, à entrer en amitié avec lui pour le connaître toujours mieux
et l’accompagner – ou plutôt nous laisser accompagner par lui - tout au long de
notre vie, et jusque dans la mort, et même après la mort. Car là où il est,
comme ressuscité, là aussi nous serons avec lui pour toujours. C’est ça la
vocation principale, universelle, éternelle.
Celui qui nous a appelés à expérimenter un
compagnonage dans la foi et l’amour, ne
cesse de nous appeler au cours de notre histoire et dans nos histoires, grandes
ou petites. Des appels discrets, mais aussi des rendez-vous plus solennels.
C’est un bel appel que le mariage, ou le célibat. Donner la vie, quel appel
plus merveilleux qui nous fait participer à la générosité de Dieu dans
l’amour ?
Est-ce que nous songeons qu’il nous appelle
aussi dans la profession ? Simon et André ont entendu l’appel du Christ
quand « ils jetaient les filets dans la mer. » Quant à Jacques et
Jean, « ils étaient dans la barque et réparaient les filets. » Il y a
tant de circonstances dans la vie qui sont en réalité des signes d’appel de la
part de Jésus, y compris des épreuves peut-être, qui nous font grandir dans la
foi ou trouver de nouveaux chemins pour suivre le Christ.
Quelle que soit la forme de l’appel, il y a des
constantes à discerner. Il s’agit toujours de suivre celui qui nous donne la
main quoi qu’il arrive et quoi qu’il nous arrive. Il s’agit aussi d’être assez
souple dans sa main pour accepter des changements, pas nécessairement agréables
ou commodes. Les pêcheurs de Galilée, laissant leurs filets et même leur père,
partirent à la suite de Jésus. Car il voulait en faire des « pêcheurs
d’hommes ».
La société humaine est pleine d’appels. Les
chrétiens – mais aussi les autres évidemment - ne peuvent pas se désintéresser
du sort des frères et sœurs humains, à commencer par ceux qui peinent,
souffrent, cherchent souvent dans la nuit.
Les chrétiens devraient – doivent- être les
premiers quand il s’agit de conduire la politique, l’économie, l’écologie, la
culture sur les chemins d’un renouveau humaniste tellement nécessaire de nos
jours.
Et puis il y a l’Eglise. Il a fallu du temps
-et notamment les appels du concile Vatican II- pour que nous comprenions que
l’Eglise, c’est le peuple de Dieu, donc nous tous, à égalité de dignité dans la
variété des responsabilités. Il faut le reconnaître, de nos jours encore, les
femmes ont compris cela davantage que les hommes. Que ferions-nous, que serions-nous
en Eglise sans l’apport des dévouements et même des ministères féminins ?
Nous sommes en pleine semaine de prière pour
l’unité des chrétiens. La cause appelée « œcuménisme » semble
s’essouffler dans nos communautés. Les progrès accomplis –pour lesquels nous
rendons grâce- ne doivent pas nous empêcher de constater qu’il y a encore
beaucoup à faire pour que se réalise la prière de Jésus avant de mourir :
« Comme toi Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en
nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé ».
Sur ce chantier œcuménique, nous sommes tous
embauchés par l’Esprit-Saint. Qui ne voit, dans le contexte de la perte de la
foi et de l’effacement de notre religion, combien il est essentiel que les
chrétiens –tous les chrétiens- soient ensemble pour relever le défi spirituel d’une
société qui veut nous marginaliser et peut-être nous faire taire ?
A quoi le Seigneur m’appelle-t-il
actuellement ? Est-ce que je prends le temps d’écouter pour les entendre,
ces appels qu’il susurre à ma conscience ? Et si je trouvais un nouveau
sens à ma vie et une nouvelle joie à expérimenter, dans la réalisation de
nouveaux engagements –si petits soient-ils- dans la société ou dans
l’Eglise ?
En méditant l’évangile de ce dimanche, c’est cette
belle grâce que nous pouvons nous souhaiter les uns aux autres.
Claude Ducarroz
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