samedi 20 janvier 2018

Homélie 3ème dim. ordinaire

Homélie
3ème dimanche ordinaire

Non, ce n’était pas à Jérusalem, mais dans un petit village de Galilée.
Non, ce n’était pas au temple, mais au bord du lac.
Non, ce n’était pas le sabbat, mais un jour ordinaire.
Non, ce n’était pas pendant la prière ou la liturgie, mais en plein travail professionnel.
Oui, c’est dans ces circonstances que Jésus de Nazareth a appelé ses premiers disciples pour en faire ses apôtres, eux qui n’étaient pas des notables religieux ou politiques, mais de simples pêcheurs.
Ainsi fit Jésus le Christ quand il voulut lancer l’Eglise et sauver le monde.

Et ça continue. Mais vous, croyez-vous que ça continue ainsi, autrement dit que vous aussi, qui que vous soyez, vous êtes appelés par le même Jésus, le vivant actuel, le ressuscité ?

Quand j’étais enfant, autour de moi, j’entendais des gens qui disaient : « Est-ce qu’il a la vocation ? » Et avec l’arrivée de la soutane : « Oh ! J’impression qu’il a la vocation. » 
La vocation, c’était se sentir appelé à devenir prêtre ou religieux. Comme vous le voyez, j’avais la vocation, même sans la soutane.

L’évangile de ce dimanche nous ramène à des évidences qui n’en sont pas toujours.
Nous sommes d’abord –tous- appelés à la vie, la vie humaine qui fait de chacun de nous des aimés de Dieu, des créés à son image, selon ce beau psaume : « Qu’est donc le fils d’Adam ? A peine le fis-tu moindre qu’un dieu ; tu le couronnes de gloire et de beauté » Ps 8

Et puis l’appel à la foi dans le baptême. Ce jour-là, mystérieusement, Jésus nous a dit, comme à Simon et André, au bord de la mer de Galilée : « Viens à ma suite. » C’est une invitation à suivre quelqu’un, à entrer en amitié avec lui pour le connaître toujours mieux et l’accompagner – ou plutôt nous laisser accompagner par lui - tout au long de notre vie, et jusque dans la mort, et même après la mort. Car là où il est, comme ressuscité, là aussi nous serons avec lui pour toujours. C’est ça la vocation principale, universelle, éternelle.

Celui qui nous a appelés à expérimenter un compagnonage dans la foi et l’amour,  ne cesse de nous appeler au cours de notre histoire et dans nos histoires, grandes ou petites. Des appels discrets, mais aussi des rendez-vous plus solennels. C’est un bel appel que le mariage, ou le célibat. Donner la vie, quel appel plus merveilleux qui nous fait participer à la générosité de Dieu dans l’amour ?

Est-ce que nous songeons qu’il nous appelle aussi dans la profession ? Simon et André ont entendu l’appel du Christ quand « ils jetaient les filets dans la mer. » Quant à Jacques et Jean, « ils étaient dans la barque et réparaient les filets. » Il y a tant de circonstances dans la vie qui sont en réalité des signes d’appel de la part de Jésus, y compris des épreuves peut-être, qui nous font grandir dans la foi ou trouver de nouveaux chemins pour suivre le Christ.


Quelle que soit la forme de l’appel, il y a des constantes à discerner. Il s’agit toujours de suivre celui qui nous donne la main quoi qu’il arrive et quoi qu’il nous arrive. Il s’agit aussi d’être assez souple dans sa main pour accepter des changements, pas nécessairement agréables ou commodes. Les pêcheurs de Galilée, laissant leurs filets et même leur père, partirent à la suite de Jésus. Car il voulait en faire des « pêcheurs d’hommes ».

La société humaine est pleine d’appels. Les chrétiens – mais aussi les autres évidemment - ne peuvent pas se désintéresser du sort des frères et sœurs humains, à commencer par ceux qui peinent, souffrent, cherchent souvent dans la nuit.
Les chrétiens devraient – doivent- être les premiers quand il s’agit de conduire la politique, l’économie, l’écologie, la culture sur les chemins d’un renouveau humaniste tellement nécessaire de nos jours.

Et puis il y a l’Eglise. Il a fallu du temps -et notamment les appels du concile Vatican II- pour que nous comprenions que l’Eglise, c’est le peuple de Dieu, donc nous tous, à égalité de dignité dans la variété des responsabilités. Il faut le reconnaître, de nos jours encore, les femmes ont compris cela davantage que les hommes. Que ferions-nous, que serions-nous en Eglise sans l’apport des dévouements et même des ministères féminins ?

Nous sommes en pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens. La cause appelée « œcuménisme » semble s’essouffler dans nos communautés. Les progrès accomplis –pour lesquels nous rendons grâce- ne doivent pas nous empêcher de constater qu’il y a encore beaucoup à faire pour que se réalise la prière de Jésus avant de mourir : « Comme toi Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous afin que le monde croie que tu m’as envoyé ».

Sur ce chantier œcuménique, nous sommes tous embauchés par l’Esprit-Saint. Qui ne voit, dans le contexte de la perte de la foi et de l’effacement de notre religion, combien il est essentiel que les chrétiens –tous les chrétiens- soient ensemble pour relever le défi spirituel d’une société qui veut nous marginaliser et peut-être nous faire taire ?

A quoi le Seigneur m’appelle-t-il actuellement ? Est-ce que je prends le temps d’écouter pour les entendre, ces appels qu’il susurre à ma conscience ? Et si je trouvais un nouveau sens à ma vie et une nouvelle joie à expérimenter, dans la réalisation de nouveaux engagements –si petits soient-ils- dans la société ou dans l’Eglise ?

En méditant l’évangile de ce dimanche, c’est cette belle grâce que nous pouvons nous souhaiter les uns aux autres.


Claude Ducarroz

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