Pour Germaine Pépé Pfister-Ménétrey
6 janvier 2018
Dieu est vrai. C’est surtout pour les
intelligents, parmi lesquels certains intellectuels.
Dieu est bon. C’est surtout pour les amoureux
de toutes sortes, y compris en amitié.
Dieu est beau. C’est d’abord pour les artistes
de toutes formes, couleurs et musiques.
Le 1945, il a créé et mis au monde
Germaine Pfister-Ménétrey, non sans l’aide précieuse de ses parents évidemment.
A entendre les enfants de Germaine, - à savoir
Marie, Catherine et Vincent, intarissables quand ils parlent de leur mère -, je
suis certain que Dieu a d’abord mélangé tout cela –intelligence, amour et
beauté- pour rêver et réaliser notre chère Pépé.
D’autres, mieux que moi, vous démontreront -s’il
en était besoin, avec quelques détails et preuves à l’appui- la riche
personnalité de celle qui vient de nous quitter. Une femme pschitt, qui a
rayonné dans tous les sens, en laissant une trace profonde dans nos mémoires
vives, en suscitant notre admiration, jusqu’à la reconnaissance sincère que
nous sommes venus, nombreux, lui exprimer en ce moment.
Bien sûr, en pensant à Pépé, on songe d’abord à
la diffusion de la beauté par la musique et le chant, en remarquable fidélité
avec les charismes hérités de sa famille d’origine, au point que la passion
pour cette forme d’art continue d’inspirer les engagements d’autres personnes
autour d’elle.
Chez Pépé, la compétence donna la main au désir
de partager ces moments de bonheur magique avec d’autres, à commencer par les
enfants. Car le chant nous enchante davantage et la musique est plus envoûtante
quand les artistes qui les servent sont des êtres généreux pour les faire
découvrir et aimer en les offrant en « pratique de beauté ». Pépé
était de celles-là.
Mais pas que cela. Avec ses nombreuses qualités
humaines -non sans quelques bons défauts liés à sa forte personnalité-,
Germaine a surtout beaucoup donné d’amour. Oui, cet amour dont l’apôtre Jean
nous a rappelé dans la première lecture qu’il vient de Dieu et qu’il nous permet
de vraiment connaître Dieu.
Ne l’oublions jamais : c’est son amour qui
nous a fait naître à la vie, puisqu’il a mis en nous cet admirable ADN :
aimer et être aimé, la seule recette du bonheur, surtout si l’on donne priorité
à l’amour donné plus qu’à l’amour reçu. Comme Jésus.
J’ai conscience qu’il faudrait en dire
davantage à propos de Germaine. Evoquer ses épreuves : le veuvage, puis la
maladie qui ne l’ont pas empêchée de continuer à donner.
Parler de son affection pour ses trois enfants
et ses 7 petits-enfants, jusqu’au bout, par exemple dans les célébrations du
dernier Noël en famille et en forêt, si émouvantes parce que soulevées par son
ultime courage pour vous rassembler et vous faire rire et chanter selon nos
meilleures traditions.
Et puis voici l’évangile de la mort du Christ
en croix. Il a été choisi par la famille. Elle m’a dit pourquoi. Une petite phrase relie le Seigneur et notre
sainte – laïque et critique - Germaine : « Tout est accompli ». En quel sens ?
Pour Pépé, ça signifie sans doute qu’elle est
allée au bout de ses potentialités d’intelligence, d’amour et de beauté,
notamment par la musique et le chant chaleureusement
partagés. On peut partir en paix quand on estime avoir tout donné, tout le
possible, avec la conscience du devoir accompli.
Il y a une immense liberté dans le fait d’avoir
pu accomplir tout le prévu, dans les limites de la faiblesse humaine
évidemment.
Es ist vollbracht, chante l’alto dans la
passion selon St-Jean de Bach. Ruht wohl, répond le grand chœur.
Mais
surtout ne concluons pas que tout est fini, qu’il n’y a plus rien à attendre ni
à vivre. « Seigneur, éveille-moi de la mort en toute joie ». Ainsi s’achève,
sur cette ouverture, la sublime méditation de Bach, sur un au-delà offert par
le Jésus de Pâques.
Comment
imaginer que tant d’amour vécu par Pépé dans toutes ses relations, que tant de
beauté illustrée par la musique et le
chant finissent dans les poubelles de l’histoire ?
Ce sont
des graines d’éternité semées sur son passage. Ce sont des étoiles allumées au
firmament de Dieu. Ou des anges qui chantent sous sa direction énergique comme
des marnousets du ciel.
Oui, tout est accompli, comme on le goûte dans
le point d’orgue de la
Johannes-Passion : « Ich will dich preisen ewiglich. Je veux te louer
éternellement. »
C’est un point d’orgue sans fin dans le concert
des bienheureux. C’est la partition de la foi qui se marie avec l’écho infini
de la beauté de Dieu.
Car la vie est belle : une des dernières
paroles de Pépé. Quand cette vie s’endort sur notre terre, pourquoi ne s’épanouirait-elle
pas en Dieu ?
Parce que la vie, c’est Lui.
Claude Ducarroz
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