vendredi 5 janvier 2018

Pour Germaine Pfister-Ménétrey

Pour Germaine Pépé Pfister-Ménétrey
6 janvier 2018


Dieu est vrai. C’est surtout pour les intelligents, parmi lesquels certains intellectuels.
Dieu est bon. C’est surtout pour les amoureux de toutes sortes, y compris en amitié.
Dieu est beau. C’est d’abord pour les artistes de toutes formes, couleurs et musiques.
Le                  1945, il a créé et mis au monde Germaine Pfister-Ménétrey, non sans l’aide précieuse de ses parents évidemment.

A entendre les enfants de Germaine, - à savoir Marie, Catherine et Vincent, intarissables quand ils parlent de leur mère -, je suis certain que Dieu a d’abord mélangé tout cela –intelligence, amour et beauté- pour rêver et réaliser notre chère Pépé.  

D’autres, mieux que moi, vous démontreront -s’il en était besoin, avec quelques détails et preuves à l’appui- la riche personnalité de celle qui vient de nous quitter. Une femme pschitt, qui a rayonné dans tous les sens, en laissant une trace profonde dans nos mémoires vives, en suscitant notre admiration, jusqu’à la reconnaissance sincère que nous sommes venus, nombreux, lui exprimer en ce moment.

Bien sûr, en pensant à Pépé, on songe d’abord à la diffusion de la beauté par la musique et le chant, en remarquable fidélité avec les charismes hérités de sa famille d’origine, au point que la passion pour cette forme d’art continue d’inspirer les engagements d’autres personnes autour d’elle. 

Chez Pépé, la compétence donna la main au désir de partager ces moments de bonheur magique avec d’autres, à commencer par les enfants. Car le chant nous enchante davantage et la musique est plus envoûtante quand les artistes qui les servent sont des êtres généreux pour les faire découvrir et aimer en les offrant en « pratique de beauté ». Pépé était de celles-là.

Mais pas que cela. Avec ses nombreuses qualités humaines -non sans quelques bons défauts liés à sa forte personnalité-, Germaine a surtout beaucoup donné d’amour. Oui, cet amour dont l’apôtre Jean nous a rappelé dans la première lecture qu’il vient de Dieu et qu’il nous permet de vraiment connaître Dieu.
Ne l’oublions jamais : c’est son amour qui nous a fait naître à la vie, puisqu’il a mis en nous cet admirable ADN : aimer et être aimé, la seule recette du bonheur, surtout si l’on donne priorité à l’amour donné plus qu’à l’amour reçu. Comme Jésus.

J’ai conscience qu’il faudrait en dire davantage à propos de Germaine. Evoquer ses épreuves : le veuvage, puis la maladie qui ne l’ont pas empêchée de continuer à donner.
Parler de son affection pour ses trois enfants et ses 7 petits-enfants, jusqu’au bout, par exemple dans les célébrations du dernier Noël en famille et en forêt, si émouvantes parce que soulevées par son ultime courage pour vous rassembler et vous faire rire et chanter selon nos meilleures traditions.

Et puis voici l’évangile de la mort du Christ en croix. Il a été choisi par la famille. Elle m’a dit pourquoi.  Une petite phrase relie le Seigneur et notre sainte – laïque et critique - Germaine : « Tout  est accompli ». En quel sens ?

Pour Pépé, ça signifie sans doute qu’elle est allée au bout de ses potentialités d’intelligence, d’amour et de beauté, notamment par la musique et le chant  chaleureusement partagés. On peut partir en paix quand on estime avoir tout donné, tout le possible, avec la conscience du devoir accompli.

Il y a une immense liberté dans le fait d’avoir pu accomplir tout le prévu, dans les limites de la faiblesse humaine évidemment.
Es ist vollbracht, chante l’alto dans la passion selon St-Jean de Bach. Ruht wohl, répond le grand chœur.

 Mais surtout ne concluons pas que tout est fini, qu’il n’y a plus rien à attendre ni à vivre. « Seigneur, éveille-moi de la mort en toute joie ». Ainsi s’achève, sur cette ouverture, la sublime méditation de Bach, sur un au-delà offert par le Jésus de Pâques.

 Comment imaginer que tant d’amour vécu par Pépé dans toutes ses relations, que tant de beauté  illustrée par la musique et le chant finissent dans les poubelles de l’histoire ?
 Ce sont des graines d’éternité semées sur son passage. Ce sont des étoiles allumées au firmament de Dieu. Ou des anges qui chantent sous sa direction énergique comme des marnousets du ciel.

Oui, tout est accompli, comme on le goûte dans le point d’orgue  de la Johannes-Passion : « Ich will dich preisen ewiglich. Je veux te louer éternellement. »
C’est un point d’orgue sans fin dans le concert des bienheureux. C’est la partition de la foi qui se marie avec l’écho infini de la beauté de Dieu.
Car la vie est belle : une des dernières paroles de Pépé. Quand cette vie s’endort sur notre terre, pourquoi ne s’épanouirait-elle pas en Dieu ?
Parce que la vie, c’est Lui.


Claude Ducarroz


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire