Fleur de vie
La cuchaule
J’ai repéré dans mon quartier une petite boulangerie artisanale qui recommande ses produits sous le label « Créations maison naturelles pur beurre ». L’artisan est un jeune monsieur à barbiche qui vient servir lui-même ses clients encore rares.
Sur l’étal, je pointe une petite cuchaule appétissante, exactement ce qui convient à un célibataire légèrement gourmand. « Bien volontiers, me dit le boulanger, mais ce sera gratuit ». Je proteste de ma volonté de payer, comme c’est normal, et surtout quand il s’agit d’un artisan qui doit sans doute peiner à faire sa place au soleil à coté des supermarchés gloutons. Rien à faire. Il m’explique : « Cette cuchaule date d’hier, elle est encore très bonne, mais je ne veux pas vous la faire payer comme un produit frais. »
Honnêteté et générosité : des qualités qui ne sont plus si courantes dans le contexte actuel de la vie économique. La gratuité se perd dans une société où tout se paie parce que c’est la valeur marchande qui fait la valeur tout court. Certes, marchandises et services doivent être rémunérés pour faire vivre propriétaires et travailleurs. Mais que deviendraient nos relations humaines s’il n’y avait plus de place pour du gratuit, du gracieux, du généreux ? Nos Eglises pourraient-elles encore accomplir leur mission si leurs bénévoles faisaient grève ?
Apprendre la joie de donner sans rien attendre en retour, ça fait partie de ce minimum vital sans lequel nous nous desséchons dans l’utilitaire matérialiste et l’égoïsme érigé en système.
Cette leçon vaut bien une cuchaule, n’est-ce pas ? Excellente par ailleurs !
1603 signes Claude Ducarroz
jeudi 24 février 2011
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