Fleur de vie
De pauvre à pauvre
Devant la poste principale. Arrive un monsieur sérieusement handicapé. Deux cannes et une profonde boiterie en donnent la preuve. Il s’assied près de la porte et tend un gobelet destiné à recueillir quelque aumône. Le succès n’est pas au rendez-vous. Toujours rien dans le récipient de plastic. Et pourtant il y a foule ce matin. Entre les passages indifférents, les sourires sceptiques et quelques regards de pitié : le gobelet est toujours vide. Pas de chance !
Et puis soudain surgit la chance. Ou plutôt une autre personne handicapée, celle-là sur un fauteuil roulant, qui sort de la poste. Sans hésiter, elle manoeuvre son engin jusqu’à ce qu’elle se trouve en face du quémandeur et, avec un beau sourire, glisse discrètement une pièce dans le gobelet. Et s’en va !
Rien d’étonnant à cela. Que de fois j’ai remarqué qu’il faut être soi-même pauvre, d’une manière ou d’une autre, pour comprendre un autre pauvre et venir à son secours sans l’humilier. C’est quand on est ensemble, parfois au plus bas, que les cœurs s’ouvrent dans des gestes de véritable compassion qui n’ont rien à voir avec une pitié condescendante. La charité devient une offre partagée, un échange de cadeaux, à égalité de misère et de fraternité.
Heureusement, si l’on cherche bien au fond de soi, si l’on est honnête avec soi-même, n’avons-nous pas, chacun de nous, quelque pauvreté qui nous permet d’aider d’autres pauvres en les aimant vraiment? Comme Jésus, de la crèche à la croix.
Et une joie pascale se met à briller comme une étoile dans la nuit.
1556 signes Claude Ducarroz
dimanche 2 janvier 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire